Le deuxième pilier est un puits sans fond
Le deuxième pilier doit être réformé. L’argent épargné jusqu’à la retraite ne suffit plus aujourd’hui à financer les rentes jusqu’à la fin de la vie. Pour chaque retraité qui part actuellement à la retraite, la caisse de pension enregistre une perte. Elle finance actuellement ces pertes par les revenus des placements, qui devraient en fait servir à rémunérer les avoirs de vieillesse des actifs. Cela réduit la croissance de leur valeur, ce qui se traduit par un avoir de vieillesse plus faible au moment de la retraite. L’allongement de la durée de versement des rentes dû à l’allongement de l’espérance de vie devra donc être financé à l’avenir avec moins de capital vieillesse, ce qui entraînera des pertes encore plus élevées. Les caisses de pension devront priver les actifs d’une part encore plus importante des revenus de leurs placements. Un cercle vicieux qui ne laisse qu’une seule question en suspens : Quand le système s’effondrera-t-il ?
Pas de solution, car les rentes plus basses sont un tabou
La nécessité d’une réforme de la prévoyance professionnelle est incontestée. Mais une baisse des rentes est un tabou. Trop de gens voient dans le deuxième pilier une prévoyance que l’État doit garantir. Et ce, bien que le deuxième pilier soit une prévoyance professionnelle et non étatique comme l’AVS.
Les nouvelles sources de financement ne résolvent pas le problème
Il ne reste donc plus qu’à trouver de nouvelles sources de financement pour les pertes de pension toujours plus importantes. Il n’est donc pas étonnant que la proposition actuelle des partenaires sociaux aille exactement dans ce sens. Les actifs doivent effectuer une retenue supplémentaire de 0,5 pour cent sur leur salaire, qui sera directement versée aux retraités. En contrepartie, les rentes seront réduites. Le taux de conversion des rentes est abaissé de 6,8 à 6 pour cent. Ce qui pose problème dans cette proposition, c’est que la déduction salariale est illimitée dans le temps, mais que le supplément de rente destiné à amortir la réduction des rentes s’évapore en l’espace de 15 ans. Cela signifie que ceux qui cotisent aujourd’hui ne doivent pas s’attendre à recevoir quelque chose à l’avenir, lorsqu’ils seront à la retraite ; à moins que ceux qui seront alors en activité ne soient prêts à payer encore plus pour ne plus rien recevoir plus tard. Vous voyez bien : Le cercle vicieux est maintenu avec cette proposition de réforme.
Objectif : maintenir l’équilibre entre les recettes et les dépenses
Comme les jeunes à qui l’on demande de passer à la caisse sont de toute façon occupés par le climat, il est malgré tout possible que cette proposition passe. Néanmoins, nous ne voudrions pas manquer d’indiquer une véritable issue à la misère du LPP. Elle commence là où le bât blesse. Car au fond, le deuxième pilier est un instrument de prévoyance qui a fait ses preuves et qui n’a pas besoin d’une mini-AVS. Il complète le premier pilier, qui fonctionne selon le principe de la répartition, par un deuxième système, celui de la capitalisation. Ce qui fait défaut à la prévoyance professionnelle, c’est la promesse politique de prestations. Le compte ne peut tout simplement pas être bon si les recettes diminuent en raison de la baisse des rendements du marché des capitaux et si les dépenses augmentent en raison de l’allongement de l’espérance de vie. Il doit être possible de maintenir l’équilibre entre les recettes et les dépenses.
Chemin vers le but : construisons un nouveau bâtiment LPP !
Soyons honnêtes. Si le LPP était une maison, nous la démolirions pour en construire une nouvelle. Mais ce n’est évidemment pas si simple, car des personnes vivent dans cette maison depuis des années et on ne peut pas les mettre à la rue. Cette situation me rappelle mes grands-parents maternels. Ils ne voulaient pas que la vieille ferme dans laquelle ils avaient grandi et élevé leurs huit enfants soit démolie et qu’une nouvelle soit construite.
Son fils aîné ne s’est pas laissé décourager pour autant. Il a quand même construit une nouvelle maison. Mais il a laissé l’ancienne maison en l’état. Il a laissé à ses parents le soin de déménager eux aussi dans la nouvelle maison une fois la construction terminée. C’est exactement ce que je ferais pour la prévoyance professionnelle. Nous devrions construire une nouvelle maison LPP, qui laisserait aux caisses de pension le soin de définir le montant des prestations. Chaque entreprise devrait ensuite pouvoir décider elle-même si elle souhaite ou non déménager avec ses collaborateurs dans la nouvelle maison LPP.
Traîne qui veut !
Dans la nouvelle maison LPP, les caisses de pension s’efforceront d’offrir les meilleures prestations possibles afin d’attirer un maximum d’entreprises. Si elles offrent de mauvaises prestations, elles perdent des parts de marché. Si elles offrent des prestations trop élevées qu’elles ne peuvent pas financer durablement, leur solvabilité (taux de couverture) diminue, ce qui est déjà un critère important dans le choix d’un partenaire de prévoyance. En termes simples, le marché joue. Le législateur peut, comme par le passé, fixer les cotisations d’épargne minimales. Mais il doit se garder de dicter les prestations.
La politique fait son travail et définit les mesures d’accompagnement
Pour finir, il ne reste plus qu’à régler la manière dont le déménagement de l’ancien bâtiment LPP vers le nouveau bâtiment LPP moderne peut s’effectuer. D’une part, il faut bien sûr régler la question de savoir qui prend une telle décision. Il va de soi que c’est la commission de prévoyance qui, dans le système actuel, décide où et comment l’entreprise assure son personnel. Ensuite, la question se pose de savoir ce qu’il advient de l’avoir de vieillesse épargné jusqu’au départ de l’ancien établissement LPP. La variante la plus simple à cet égard est que l’avoir de vieillesse déjà épargné reste dans l’ancienne maison LPP et soit converti en une rente au moment du départ à la retraite. En plus de cette rente, les assurés dont la commission de prévoyance a opté pour un changement reçoivent une rente de la nouvelle maison LPP au moment de la retraite.
Tout le reste, comme les mesures d’accompagnement ou par exemple la prise en charge de la couverture d’assurance en cas de décès ou d’invalidité, peut être réglé avec un peu de bonne volonté.