Contrairement à d’autres prestataires de prévoyance, nous déconseillons les ETF dans la pilier 3a. Cela peut sembler surprenant à première vue, d’autant plus que nous sommes également convaincus de la valeur ajoutée des placements passifs. Mais en y regardant de plus près, cela devient une conséquence logique lorsqu’on prend en compte un inconvénient majeur des ETF.
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Inconvénient des ETF dans la pilier 3a
ETF signifie Exchange Traded Fund. Ces fonds sont, comme leur nom l’indique, négociés en bourse et peuvent être achetés par « tout le monde ». C’est précisément là que réside le problème des ETF.
Contamination des ETF due à leur négociation en bourse
Les avoirs de prévoyance bénéficient généralement d’un traitement fiscal privilégié sur les dividendes étrangers (impôt à la source). Cependant, cette exonération n’est valable que si ces fonds de prévoyance ne sont pas mélangés avec d’autres avoirs, ce qu’on appelle une « contamination ».
Un fonds est considéré comme contaminé dès qu’il accepte des investissements provenant à la fois d’avoirs de prévoyance et de capitaux libres (comme c’est le cas avec les ETF). Dans ce cas, le traitement fiscal préférentiel prévu par les conventions de double imposition est perdu.
Remarque : Les fonds indiciels sont mieux adaptés que les ETF pour la 3e pilier et sont devenus la norme dans le secteur. Les trois principaux fournisseurs d’applications de prévoyance – VIAC, Frankly et finpension – qui gèrent déjà ensemble dix milliards de francs d’avoirs de prévoyance, misent tous sur les fonds indiciels de UBS et Swisscanto. Certains prestataires, qui continuent de privilégier les ETF dans la prévoyance à contre-courant de cette tendance, utilisent parfois les termes « fonds indiciels » et « ETF » de manière interchangeable. Bien que les ETF reproduisent également un indice, ils ne sont pas identiques aux fonds indiciels. Contrairement aux ETF, les fonds indiciels ne sont pas négociés en bourse. Ils ne peuvent être achetés et vendus qu’auprès des fournisseurs de fonds eux-mêmes, ce qui offre des avantages considérables que nous détaillerons dans cet article.
Les actifs du 3ème pilier sont privilégiés
Prenons l’exemple des États-Unis pour illustrer le traitement fiscal privilégié des avoirs de prévoyance. La Suisse a conclu une convention de double imposition avec les États-Unis. Cette convention stipule que les caisses de pension (2e pilier) sont totalement exonérées de l’impôt à la source américain de 30 % sur les dividendes.
Depuis l’approbation du protocole d’amendement, à partir du 1er janvier 2020, les actifs 3a sont désormais également privilégiés et bénéficient de l’exonération de la retenue à la source aux USA.
Remarque : Le marché boursier américain joue un rôle majeur. Les entreprises américaines représentent actuellement 68 % du MSCI World Index, qui reflète les marchés boursiers des pays occidentaux (y compris le Japon). L’exonération de l’impôt à la source sur les titres américains revêt donc une grande importance.
Qu’est-ce qu’un impôt à la source ?
En Suisse, nous connaissons l’impôt à la source sous le terme d’impôt anticipé.
Prenons l’exemple d’une entreprise qui verse un dividende à ses actionnaires. Cette société doit verser 35 % du dividende au gouvernement fédéral et ne peut en verser que 65 % aux actionnaires. La retenue à la source de 35 % sert de gage à l’État fédéral pour que les bénéficiaires du dividende le déclarent correctement dans leur déclaration d’impôt. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’ils récupèrent l’impôt anticipé.
C’est ainsi que cela fonctionne à l’étranger, ou quelque chose de similaire. La seule différence est qu’au niveau international, on ne parle pas de retenues à la source, mais d’impôts à la source, qui sont déduits des revenus tels que les dividendes ou les intérêts.
Quels sont les avantages d’une exonération de l’impôt à la source dans le cadre du 3e pilier ?
Si le fonds est “pur”, c’est-à-dire qu’il ne gère que des avoirs de prévoyance du 2e ou du 3e pilier, il est exonéré de l’impôt anticipé sur demande. La différence de performance entre un fonds exonéré de l’impôt à la source et un fonds non exonéré est considérable, comme le montre cette comparaison (fiches d’information du 30.06.2024) :
Titre | ISIN | Catégorie | 1 an | 3 ans p.a. | 5 ans p.a. |
Swisscanto (CH) Index Equity Fund World ex CH NT CHF | CH0117044906 | non exempté de la retenue à la source | 21.26% | 6.09% | 10.17% |
Swisscanto (CH) IPF I Index Equity Fund World ex CH NT CHF | CH0117044948 | exonéré de la retenue à la source | 21.62% | 6.45% | 10.56% |
Frais TER plus élevés pour les fonds non exonérés de l’impôt à la source | -0.05% | -0.05% | -0.05% | ||
Surperformance grâce à l’exonération de la retenue à la source | 0.31% | 0.31% | 0.34% |
Étant donné que les ETF ne peuvent pas offrir cet avantage de performance, la différence doit être considérée comme un coût supplémentaire à prendre en compte lors de la comparaison des offres.
La diversité des ETF n’est pas un avantage dans la pilier 3a
Avec la diversité des ETF disponibles sur le marché, il est possible de se concentrer très spécifiquement sur une stratégie de croissance. Dans une telle stratégie, les dividendes jouent un rôle secondaire. Ce qui est plus important, ce sont les secteurs d’avenir qui ont encore un potentiel de croissance.
Cependant, les plus-values ne sont pas l’objectif principal dans la prévoyance. Cette affirmation pourrait surprendre, car les plus-values sont généralement intéressantes. Mais dans la prévoyance, cela pose un problème.
Les plus-values ne sont pas l’objectif principal dans la prévoyance
L’inconvénient d’une stratégie axée sur les plus-values est l’impôt sur le retrait du capital. En effet, lors du retrait des fonds de prévoyance, tels que ceux de la 3e pilier, une taxe est appliquée.
Ainsi, même la portion du capital de prévoyance générée par des plus-values est soumise à une imposition lors du retrait, contrairement aux fonds privés. Dans les investissements privés, les plus-values sont exonérées d’impôt.
Dans la prévoyance, il est donc essentiel de se concentrer sur les rendements, et non sur les plus-values. Et lorsque l’on se concentre sur les rendements, l’exonération fiscale des revenus devient un critère important. C’est pourquoi les ETF ne sont pas une option.
La durabilité ne doit pas être plus chère
Même ceux qui attachent de l’importance à la durabilité dans la 3e pilier n’ont pas à se contenter des ETF. En effet, les grands fournisseurs de fonds indiciels comme Swisscanto ont reconnu ce besoin et proposent une ligne d’investissement durable dans leur portefeuille, avec des fonds répondant aux critères ESG. Ces fonds sont également optimisés pour la fiscalité des dividendes et leurs coûts sont comparables à ceux des fonds traditionnels.
Conclusion : Les ETF sont un bon produit, mais pas pour la pilier 3a
Grâce à leur gestion passive, les ETF suivent le marché plutôt que de le défier. Beaucoup ont compris qu’une gestion active des fonds n’apporte pas de succès à long terme et investissent donc dans des ETF. Cela réduit les coûts et les investisseurs peuvent s’attendre à une bonne performance moyenne du marché.
Cependant, les ETF ne conviennent pas à la 3e pilier, car ils ne bénéficient pas de l’exonération fiscale sur les dividendes, ce qui augmente indirectement les coûts pour la prévoyance. Les fonds indiciels, qui ne sont pas cotés en bourse, sont préférables. Dans un prochain article, vous découvrirez quels fonds de prévoyance sont optimisés pour la fiscalité des dividendes et lesquels ne le sont pas.
L’exonération fiscale est toutefois une condition essentielle, car l’accent dans la 3e pilier est mis sur les rendements et non sur les plus-values. Cela s’explique par le fait que les plus-values au sein des fonds de prévoyance sont soumises à l’impôt sur le retrait du capital, contrairement à ce qui se passe dans les fonds privés, où elles sont exonérées d’impôt.
Qu’est-ce qui est mieux que les ETF pour le 3ème pilier ?
Les fonds qui remplissent les conditions suivantes sont préférables aux ETF :
- Ils ne sont pas négociés en bourse.
- Seuls les fondations de prévoyance et leurs clients peuvent souscrire à ces fonds.
finpension utilise ces fonds dans le pilier 3a. Il s’agit des fonds indiciels institutionnels du Credit Suisse and Swisscanto.
Aucun droit de timbre sur les fonds indiciels suisses
Un avantage des fonds indiciels par rapport aux ETF n’a pas encore été mentionné : pour les ETF, une taxe de timbre de 0,075 % est prélevée lors de l’achat ainsi que de la vente (total : 0,15 %), et pour les ETF étrangers, la taxe est même de 0,15 % à chaque transaction (total : 0,30 %). En revanche, les fonds indiciels suisses sont exempts de taxe de timbre.
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